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vlad
11 juin 2008

un mot d'elle

j'aurais besoin de vos avis sur ce coup-là... comme je suis en semaine de révisions, je l'ai un peu expédiée, je la retoucherai sans doute plus tard. je la poste quand même pasque c'est jouissif de se dire que mon imagination marche encore malgré la lobotomie...


-          Oh putain le con.

Et là je crois que ma vie à commencer à défiler sous mes yeux. Pas tellement les souvenirs d’enfance, plutôt le chemin invisible qui m’a amené là. Dans la merde jusqu’au cou.

J’aime pas les gens. Je ne sais pas exactement pourquoi, mais ça fait un petit moment déjà. Et je vis dans une époque formidable où la Terre n’a jamais été aussi peuplée. C’est dire s’il y en a des gens à haïr… Et impossible de les ignorer, la communication est elle aussi à son paroxysme. Et même si je n’avais ni radio, ni Internet chez moi, il y aurait encore la rue, la pub, et les voisins. Plus l’administration, le propriétaire, le médecin, la caissière, … Un défilé d’anonymes comme dans une chanson de Katerine, mais vu de manière infiniment plus pessimiste.

Au fil des ans, l’irritation constante que me provoquait le côtoiement de mes camarades de classe, puis de mes collègues, et du reste du monde, était devenue une habitude et si je restai d’un abord poli, c’était au prix de la mise en cage de mes nerfs par une douloureuse lassitude.

Si j’avais eu des animaux, ça m’aurait peut-être calmé. Manque de bol, ils me provoquaient des allergies. Physiques cette fois-ci. Alors j’ai dû me résoudre à me faire des amis. Bon, j’ai l’air de m’en plaindre comme ça, mais c’est juste une question de style. Je suis de la race de ceux pour qui la vie est une plaie et se complaisent dans cet état d’esprit. Mais ça ne fait pas de moi quelqu’un d’anormal. Je suis un psychopathe refoulé, comme tout le monde. Publiquement, je masque mon agoraphobie comme d’autres, kleptomanes, retiennent leurs mains le long des présentoirs.

Je le confesse, je me suis déjà laissé aller à imaginer une éradication radicale et progressive des humains. Les 6 milliards de petits nègres. Je vois passer quelqu’un qui m’énerve, et j’imagine quelle mort pourrait lui correspondre : L’émo-kid, depuis le temps qu’il en rêve, il faudrait lui ouvrir les veines, voire même lui couper les mains tiens. Histoire que les « scarifications » qu’il s’est fait un soir de pluie ressemblent vraiment à ce qu’elles sont : des éraflures. Pour celui qui pète plus haut que son cul, l’asphyxie me semble toute indiquée. Pousser cette putafrange en slim dans un compacteur à bagnoles pour qu’elle soit vraiment toute plate, dissoudre cette mamie tremblante dans un bain d’acide, faire exploser la tête des fans de tuning dans un étau, étrangler les commerciaux avec leur cravate… Et les femmes, les noyer toutes. Je garde en tête cette image d’une japonaise infiniment belle, aux cheveux infiniment longs, qui flotte lentement entre deux eaux, le visage intact, épuré par la lumière sous-marine… C’est gracieux, c’est planant, c’est malsain, ça ressemble à du Radiohead.

On a tous nos petites obsessions. Celle-ci me trottait dans la tête sans que je ne songe une seconde à passer à l’action. Le meurtre est stupide pour quelqu’un qui souhaite limiter au maximum le contact avec ses semblables.

***

C’était la décennie où les robots domestiques humanoïdes partaient à la conquête du marché.

***

-     Apporte-moi un café.

-          Pardon ?

-          Quoi ? ah pardon, je vous avais pris pour un robot… C’est dingue, vous leur ressemblez tellement…


Haha. S’était-elle dit en elle-même. Ce n’était pas la première fois, depuis que la société « Perfect woman » avait commercialisé ses robots …

Pour Sarah, ça avait commencé avec l’infographiste. Elle était sortie avec. Un jour il s’était posé sur un fauteuil à côté du canapé sur lequel elle lisait un livre. Il avait fait son portrait, rapidement, au crayon. C’était juste une esquisse. Puis il avait continué. Au fur et à mesure, les dessins se faisaient plus précis, plus éclectiques. Elle, de face, de profil, au fusain, au marqueur, stylisée ou réaliste. Il variait. Un jour il l’a dessinée à la palette graphique sur son ordinateur. Il disait qu’il faisait du dessin vectoriel. Elle ne savait pas ce que c’était, mais quand elle avait regardé sur l’écran, il était déjà passé à un autre médium : la 3D. A force, elle finissait par voir son visage partout quand elle allait chez lui. Elle lui avait dit que c’était malsain, mais au fond elle était flattée. Il la trouvait donc belle ? Il était surtout fasciné.
Et puis il avait été embauché dans une boîte de robotique. Le visage modélisé en 3D avait été proposé pour une nouvelle ligne de robots. Des humanoïdes destinés à un usage domestique. Ça avait tellement emballé les investisseurs que bientôt, un produit inédit voyait le jour : « Perfect Woman ». Elle avait vu les brochures, décrivant un cliché de femme au foyer fantasme des hommes. Et ce cliché avait son visage.

Sarah travaillait dans un cabinet d’avocats, qui un jour embaucha une « Perfect Woman ». Ces robots étaient si perfectionnés qu’ils remplaçaient peu à peu les secrétaires humaines, si chères à cause des charges sociales.

La première fois que la femme et le robot se sont trouvés face à face, le cœur de l’une a été comme aspiré par son ventre. Depuis, elle l’évitait, ce qui amenait fréquemment la confusion de ses collègues et des clients qui se comportaient alors comme ils avaient rapidement pris l’habitude de se comporter avec « Perfect Woman ».

***

Elle faisait des courses dans un centre commercial. Les provisions à la main, elle longeait les vitrines de la galerie marchande. Une boutique d’électroménager avait placé quelques « Perfect Woman » en vitrine. Elle passa devant en laissant glisser sur un eux un regard vide. En rentrant chez son propriétaire, elle allait cuisiner un pot au feu pour lui. Elle discuterait avec lui pendant qu’il prendrait son repas, et il ne s’étonnera même plus de son intelligence artificielle.

***

Les robots étaient à présent suffisamment abordables pour être achetés par des familles aisées – enfin, surtout des hommes seuls. Ceux que les femmes évitent car elles sentent qu’ils ont une odeur rance accrochée à leur peau.  Ce que c’est que de ne pas avoir de charisme et de chance…

***

En entrant dans le bâtiment, j’étais passablement énervé. La journée avait été éreintante et j’avais dû traverser la foule pendant plusieurs heures. C’est alors que je l’ai vue. Elle était magnifique. Faite pour moi. Tout comme elle avait été faite pour tous les hommes qui l’avaient achetée. J’allais pouvoir en faire ce que je voulais… Me défouler sans conséquences – même si la dégradation du bien d’autrui reste un délit, au moins ce n’est pas un crime. J’avais pris l’habitude de mettre des gants.

Je n’avais pas renoncé à mon idée de noyade pour les femmes. En plus, ça marchait aussi pour un robot. Et puis, après avoir réfléchi 30 secondes, j’avais pensé au risque d’électrocution de ma personne. Sans compter que l’étendue d’eau la plus proche était souvent la cuvette des toilettes, ce qui entachait douloureusement la poésie de la chose.

La première fois, j’avais agi impulsivement. Un tropisme. J’avais saisi un coupe-papier qui dépassait d'un pot à crayon et j’étais allée vers elle. Je l’avais prise par le coude et l’avais dirigée jusque dans la réserve. J’avais enfoncé le coupe-papier dans son ventre, façon hara-kiri. Trop rapidement pour qu’elle puisse se défendre.

***

Je me suis rendu compte qu’elle saignait. Ses hoquets n’avaient rien d’un comportement programmé. A l’intérieur il n’y avait rien de métallique pour une fois. Et vous êtes arrivés.

Je suis dans la merde jusqu’au cou.

La probabilité de cette rencontre était inversement proportionnelle aux ventes de « Perfect Woman » mais il se trouve que je suis un homme malchanceux.

Car j’ai tué Sarah.

inspired by: http://www.taulard.net/out.php?s=breve&e=3135&u=http://www.perfect-woman.com/fr/

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Commentaires
N
Interessant, une belle écriture par passage, quelques trucs qui ne collent pas je crois, ou qui sont mal formulés, mais comme tu l'as dit, tu devais le revoir. Donc a relire une fois retouché. :)
vlad
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vlad
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