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18 février 2007

Sigismonde en trois actes: II

**nuit**

Le dimanche passa comme le samedi, vide et blanc. Sigismonde dormit beaucoup. Comme un animal qui hiberne. Sa mère appela. En fille ingrate, elle expédia la conversation à coups de réponses laconiques. Elle se décida à sortir vers 16h pour acheter un kebab. Le frigo était vide – sauf si on compte les bouteilles.
Parmi toutes les journées gâchées de sa vie, celle-ci fut particulièrement inutile. Elle se termina vautrée dans le canapé, s’endormant devant le dvd de « L’armée des 12 singes ».

Elle avait une boule dans la gorge. Du mal à respirer. Il faisait chaud, mais elle frissonnait de cette fièvre qui glace la peau à cause de la sueur. Etrangement, cette sensation lui avait toujours évoqué une piqûre d'aiguille dans un bain de coton.
Aurore sonna à la porte. Elle apparut dans l’encadrement : aussi blonde que Sigismonde était brune, et anorexique. Sa maigreur lui donnait une apparence fragile qui attirait inévitablement sur elle la compassion qu’on a pour un oisillon. Mais elle était volontaire et têtue, très forte malgré sa faible constitution.
Sans un mot, elle entra, le visage dépourvu d’expression. Sido lui proposa de l’eau, lui demanda la suite et fin de la soirée, plus par politesse que curiosité. Toutes les deux assises par terre, autour du cendrier, Aurore commença à pleurer silencieusement.

« - Qu’est-ce que tu as ? » demanda Sigismonde.

Les larmes lui montaient également aux yeux. Elles débordèrent de ses cils devant le silence de son amie, dont le visage se déformait progressivement.

Soudain, elle projeta son poing dans le visage de son hôtesse. La première cria de rage, la seconde de surprise et de douleur.

« - Mais qu’est-ce que tu fais ??! »

Aurore se redressa et lui donna un nouveau coup de poing. Elle la rouait de coups, sans raison apparente, en étouffant des exclamations rauques. Sido ne ressentait plus que la souffrance qui s’abattait sur elle comme une pluie acide, qui la déchirait d’autant plus qu’elle n’en comprenait pas la cause. Elle sentit deux mains glacées se serrer sur son cou. Affolée, elle essaya de crier, sans arriver à produire autre chose qu’un râle inintelligible. Elle ne parvenait pas à se défendre contre la force implacable qui lui faisait face. Elle vit en apnée les yeux d’Aurore qui la fixaient sans pitié. Elle sentait un genou, sur son ventre, qui l’écrasait au sol. Sa vue commença à s’obscurcir. Elle avait l’impression que sa peau rétrécissait sur son crâne, comme si elle allait se déchirer. Elle hoquetait. Des cris résonnaient dans sa tête. Un hoquet plus fort la souleva mais elle n’eut jamais conscience d’en retomber.

Et ce fut le blackout.

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